L’antipathie inexpliquée… j’aborde ce sujet aujourd’hui parce que c’est une réflexion que j’ai déjà entendu et qui finalement fait pleinement partie du travail sur soi. On creuse, on se demande pourquoi on se sent comme-ci ou comme-ça face à telle ou telle personne. Vous avez sûrement déjà dit ou entendu autour de vous : « J’l’aime pas » – « Bah pourquoi » – « J’sais pas pourquoi… mais sa tête me reviens pas ! ». Bon souvent quand on s’arrête là, ce n’est pas vraiment travaillé. Et malheureusement cela peut engendrer des rapports de force insolubles dans la vie sociale et même au travail… Et c’est bien dommage parce que ce n’est pas rare que cette personne là ne vous ait rien fait pour susciter un tel mouvement de rejet.
L’idée n’est pas de culpabiliser ce genre de mouvement, mais au contraire, d’écouter ce que ça vient dire ! Parce que quand on critique quelqu’un en face de soi, soit on parle de soi-même à travers cette attaque de l’autre, soit on parle de quelqu’un et/ou d’une expérience qu’on a connu et qui nous a fait souffrir d’une manière ou d’une autre. Et pour amorcer cette petite réflexion du jour avec vous, je vais rebondir sur la remarque qu’une collègue psy (d’une autre spécialité) m’a dite y’a pas si longtemps : « il paraît que quand on n’aime pas quelqu’un c’est parce que la personne a des traits de caractère qu’on a soi-même » ?…
Ecoutez l’épisode de podcast : 🎙️ EP#4 – Antipathie inexpliquée [La FAQ Psy] : « Je le/la déteste mais ne sais pas pourquoi »
L’hypothèse de la similitude
Et c’est vrai, que parfois on peut haïr quelqu’un, le détester, parce qu’il possède un défaut, que l’on a aussi ou pense avoir, mais qu’on ne supporte pas. Ou alors, il s’agit d’un défaut que quelqu’un qu’on adore, qu’on aime possède ; ça peut être quelqu’un qu’on idéalise, que l’on n’arrive pas à quitter par exemple. Mais le souci c’est justement qu’à travers cet amour, cette idéalisation, la volonté de se voiler la face et de ne pas vouloir voir ni accepter que la personne, ou nous-mêmes, sommes tels qu’on est, on en vient à détester toute personne qui nous le rappèlerait.
Et le problème avec cette stratégie de défense, c’est que quand on rencontre – même si c’est juste une connaissance – une personne qui possède ce trait de caractère, ce « défaut », ce fonctionnement psychologique (ces TOC par exemple), elle en devient complètement insupportable. On peut même en venir à haïr ou à rejeter brutalement une personne qu’on connaît à peine ! Et c’est justement plus facile à faire que de se rejeter soi-même, ou cette personne qu’on aime et avec qui on a un problème à la base (mais peut-être inconsciemment), que de claquer la porte au nez voire de foutre un coup de pied au derrière de la personne avec qui il n’y a aucun enjeu à la base.
Et quand on rejette une partie de soi mais que cela est consciemment insupportable, on va parfois critiquer les autres sur des traits de caractère, des manières de fonctionner, des comportements que l’on a soi-même. On est capable à ce moment-là de faire la même chose tout en disant que ce que fait l’autre c’est vraiment n’importe quoi ! Vous n’avez jamais discuté avec une personne et juste derrière elle fait exactement la meme chose (ahah) je suis sûre que ça vous est déjà arrivé. Ou soi-même, franchement, des fois on n’est pas forcément honnête avec les gens car on n’arrive pas à gérer cela, on en a un peu honte parce qu’on n’arrive pas à évoluer sur ce point et on se dit « je suis quand même un peu culotté(e) parce que je fais pareil ». Ou alors parfois la similitude est très subtile, parce qu’on est hyper-focalisé sur le contexte dans lequel la personne agit, sur sa gestuelle, alors qu’on fait cette même chose mais dans un autre contexte, d’une autre façon etc. Et du coup consciemment c’est plus facile de s’en défendre car ça se ressemble mais pas trop.
Par exemple, je peux être agacée par ceux qui ne disent pas ce qu’ils pensent ou qui mentent, (on se dit « oh lui/elle est hypocrite ») et moi-même j’ai du mal à être authentique parce qu’on m’a déjà rejetée quand j’ai dit quelque chose qui faisait trop la différence avec les autres, ou parce que cela n’a pas plu, ou encore j’ai un entourage qui fait attention socialement à ce qu’il dit et moi je suis spontané(e), je ne réfléchis pas toujours avant de parler, et je me suis senti(e) rejeté(e). Donc je ne me sens pas autorisé(e) à être moi-même parce que j’ai envie d’être apprécié(e).
Dites-moi si ce que je vous raconte ça vous fait réfléchir ? Est-ce que ça vous fait penser à des citations que vous avez vécu ? Est-ce que vous avez eu vous-mêmes des prises de conscience sur des choses comme ça et vous avez réussi à en faire quelque chose de nouveau ?
Être authentique, ça fait fuir les autres ?
Rejeter une ou plusieurs parties de soi-même peut conduire à la difficulté de s’accepter et de se montrer tel que l’on est dans nos relations, qu’elles soient professionnelles, familiales, amicales ou amoureuses. Il n’est pas non plus impossible que l’on rejette ces parties de soi pour éviter le rejet des autres, comme si notre authenticité ne pouvait être aimée ni acceptée.
Est-ce que quand on est authentique ça fait fuir les autres ? Mais ça fait fuir qui ? Est-ce que ça fait vraiment fuir ceux avec qui on se sent acceptés comme on est ? Ceux avec qui on se sent comme à la maison ? D’ailleurs, est-ce que j’ai la croyance que cela peut exister ? Ou est-ce que je me dis que c’est une utopie ?
Ce point me paraît intéressant et il vous parlera sûrement, parce qu’il n’est pas rare qu’on en parle en séance de psy et que ce soit quelque chose qui vous déstabilise au quotidien. Alors comme je vous le disais, on est tous logés à la même enseigne. Comme je le dis en séance, l’être humain est un être social, donc avoir le besoin d’être accepté socialement, ça se comprend !
A votre avis, est-ce que cette partie de vous que les autres ne semblent pas aimer chez vous, est-ce que c’est une partie que vous même vous n’aimez pas ? Ou que quelqu’un que vous aimez vous a dit ne pas aimer ? Et pourquoi c’est comme ça d’après-vous ? Que s’est-il passé ?
Mais alors, si je n’aime pas une partie de moi parce qu’on m’a dit qu’elle n’était pas aimable, acceptable, si quelqu’un d’autre me rejette à cause de cela, ça vient bien confirmer qu’être aimé(e) comme je suis ce n’est pas possible non ?
Alors oui, il y a des cas particuliers car si être soi-même revient à être dans l’attaque de l’autre comme on le disait au début de l’article, la question du respect des limites et de la liberté de chacun entre en jeu. Est-ce qu’il n’y a pas une différence entre être soi-même et s’en prendre aux autres ? J’peux dire « oui moi je suis comme ça, je m’énerve sur les gens, je parle franchement » mais est-ce simplement une question d’authenticité ici ?
Savoir faire la distinction entre être rejeté par ce qui nous distingue des autres, et être rejeté parce que l’on nuit à l’autre, c’est important ! Car il peut arriver que l’on veuille nuire à l’autre et l’attaquer activement – même si ça nous a « échappé » – (et à ce moment-là il faut être honnête avec soi-même, y réfléchir sans se blâmer ou se flageller pour avancer sur ce point, si c’est ce que l’on veut). Mais il peut aussi arriver que l’autre se soit senti attaqué tout simplement parce que dans son fonctionnement il n’est pas en capacité d’accueillir d’une manière saine votre fonctionnement à vous.
Alors, qu’est-ce que vous en pensez vous ?
Conclusion
Il peut être d’autant plus difficile d’accepter les défauts et la singularité des autres à partir du moment où il nous est difficile de s’accepter soi-même tel que l’on est. Cette difficulté peut être accentuée lorsque nous avons vécu des traumatismes ou évènements de vie difficiles, que cela nous a changé, que nous avons alors des comportements, réactions émotionnelles ou des pensées négatives que nous ne comprenons pas. Ne pas comprendre une partie de soi, se sentir étranger à soi-même vient alors entraver cette possibilité de cultiver de l’amour propre. On se sent bizarre, en-dehors de la norme, un cas à part. Pourtant, sachez qu’il est toujours possible d’apprendre de soi-même, de se comprendre mieux et d’agir sur ce sentiment que cela soit en psychothérapie et/ou à travers de nouvelles expériences de vie et de nouvelles relations.
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