Ep # 6 [C’est Quoi un Psy] – Les 4 questions les plus posées avant la première séance (partie 1)

par | 04/03/2024 | Articles | 0 commentaires

Aujourd’hui je souhaite lancer le sujet de la première séance avec un psy car on m’a plusieurs fois posé des questions à ce propos. Avant de parler des questions abordées par le psychologue pendant la consultation de psychologie, je vais vous faire part des 4 questions et remarques principales que l’on m’a le plus partagées par rapport à cette première rencontre. Il y en a certaines qui s’expriment dès le premier échange, la première prise de contact, d’autres, qui peuvent « s’avouer » des mois et des mois après le démarrage de la thérapie. C’est parfois même exprimé sous forme de nostalgie au moment de la fin de la thérapie. Je vais découper cet épisode en deux parties, vous aurez donc la suite lundi prochain !

Écoutez l’épisode de podcast : 🎙️ EP#6 – [C’est Quoi un Psy] – Les 4 questions les plus posées avant la première séance (partie 1)

Question 1 : Un psy ça parle ou c’est silencieux ?

1. La posture du psychologue : une question de formation et de personnalité

Chaque style est différent à la fois en fonction de la personnalité du psychologue mais aussi de sa méthode thérapeutique et de son cadre de travail. Il est également possible que vous rencontriez deux psychologues avec une même orientation thérapeutique mais qui s’expriment et se positionnent plus ou moins différemment dans la relation thérapeutique. 

Par exemple, je suis d’orientation psychanalytique à l’origine, cependant au fur et à mesure de mon expérience et de mes formations post-université, il m’a paru utile et bénéfique pour les personnes que j’accompagnais, d’être selon chacun et selon leurs besoins, plus proactive dans l’échange et quand cela me paraît pertinent de partager certaines de mes connaissances, dans une perspective similaire à celle de la psychoéducation, d’aider la personne à mieux comprendre son fonctionnement. L’idée est qu’à partir de certaines connaissances théoriques et cliniques, la personne puisse s’approprier certains éléments, reliés au fur et à mesure de l’évolution de sa compréhension d’elle-même. Je vous la fait dans les grandes lignes pour ne pas trop déborder sur ce sujet ! Dans tous les cas, cette particularité singulière dans l’évolution de ma pratique, est il me semble liée aux types de personnes que j’ai le plus pris en charge, donc à leurs besoins à la fois singuliers et similaires, mais aussi à ma formation d’art-thérapeute et aux nombreux stages universitaires lors desquels j’ai beaucoup été amenée à travailler au sein de groupes à visée thérapeutique (incluant des groupes de jeu, de socialisation, créatifs etc.) poussant à s’approprier la théorie et à se positionner d’une manière créative selon le cadre thérapeutique rencontré. Ce qui sort de manière assez significative du travail thérapeutique dans un bureau et uniquement par la parole.

A contrario, un autre psychologue d’orientation psychanalytique pure, qui a été formé exclusivement aux entretiens cliniques dans le cadre de séances régulières au sein d’un bureau, n’aura probablement pas le même vécu et tout a fait le même apprentissage de la profession. Cela peut faire varier sa vision de son métier ainsi que l’appropriation d’une posture singulière au sein des séances, qui sera peut-être davantage dans le silence et avec moins de transparence sur ses hypothèses d’interprétation de ce que vous exprimez et le fait de vous les partager. L’idée n’est pas de dire qui est le meilleur ou pas, qui a le plus raison de faire comme ci ou comme ça. L’idée est plutôt de trouver celui avec qui vous vous sentirez suffisamment à l’aise à la fois dans l’échange verbal, le non-verbal et dans le silence.

2. Consulter un psy : pourquoi on est anxieux ?

Outre le fait que consulter un psychologue ça chamboule, ça stresse parfois, il y a une distinction à pouvoir faire entre une relation qui vous rend davantage anxieux : soit parce que cette relation ou ce cadre de travail ne vous sécurise pas suffisamment, soit parce que vous n’êtes peut-être pas encore prêts à effectuer ce travail et/ou que vous avez un vécu traumatique dans la relation à l’autre (par exemple quand malgré tous vos efforts à rencontrer de nouveaux psychologues, à la moindre phrase ou semblant d’interprétation quelque chose vous ressentez le besoin de fuir la thérapie, comme s’il y avait toujours quelque chose de menaçant chez l’autre).

Rassurez-vous, peut-être que ce cadre de travail où on est invité à verbaliser ses ressenti, à se confronter aux yeux et à la parole de l’autre, n’est pas adapté pour le moment et qu’une autre approche thérapeutique vous apaisera et rassurera davantage. Il y a par exemple l’art-thérapie avec différentes formes possibles, par exemple celle à laquelle j’ai été formée vous invite à rêver en créativité par des phrases poétiques que je vous partage, en bricolant avec un ensemble de matériaux créatifs mis à votre disposition. Il n’y aura pas d’œuvre à juger, à interpréter ni à verbaliser. Cependant, il s’agit d’un exemple, chaque technique est différente. Pour prendre un autre exemple, il y a d’autres approches psychocorporelles (que les psychologues pratiquent aussi) qui utilisent la respiration, la relaxation, le mouvement du corps comme source d’apaisement. Peut-être que commencer par une telle approche pourrait vous aider, en transition, à amorcer au fur et à mesure une relation thérapeutique, si vous le souhaitez.

Dans tous les cas, rencontrer un nouveau psychologue est un bon exercice à la fois avant la rencontre, pendant ou après. Avant, vous pouvez faire le point sur ce qui vous rassure, ou bien vous rendre compte que vous n’en avez aucune idée. Vous apprenez déjà des choses sur vous qui sont essentielles. Pendant, vous pouvez l’exprimer au psychologue et échanger avec lui si cela convient à chacun. Après avoir expérimenté cette rencontre, vous pourrez faire le point sur comment vous vous sentez, au-delà des paroles. Vous sentez-vous en confiance ? Malgré le fait qu’il paraissait plus silencieux qu’imaginé ? Ou au contraire sentez-vous une gêne ? Une boule au ventre désagréable, alors que pourtant le psychologue était plutôt dans l’échange et « extraverti » on pourrait dire. La meilleure des réponses se trouve dans l’expérience, vous ne pourrez jamais prévoir totalement comment se comportera une personne le moment venu, de même que le psychologue fait votre rencontre et ne vous connaît pas encore. N’oubliez pas qu’une rencontre se fait à deux, on est dans le même bateau d’une certaine manière. S’accorder sur la manière de travailler ensemble et sur vos objectifs personnels, c’est déjà un premier pas. C’est en s’engageant réellement dans un travail thérapeutique avec un professionnel que vous pourrez mieux comprendre ce qu’il se passe en vous, la ou les sources de votre anxiété à consulter.

Question 2 : A quoi ça sert un psy ? J’en ai besoin ?

1. Avoir une demande d’aide psychologique

Il peut arriver qu’on veuille être aidé sans vraiment savoir quel type d’aide on a besoin, car très souvent on n’est pas sûrs de bien comprendre ce qui nous met dans cet état de souffrance, au-delà de la surface et des situations que l’on rencontre. Intérieurement on se demande, pourquoi moi je n’arrive pas à gérer alors que d’autres oui ? Pourquoi moi je réagit plus que les autres ou je semble plus sensible ?

La coutume est de se dire « d’aller voir quelqu’un« , sous entendu de consulter un psy ou un thérapeute au sens général. Cependant, on ne sait pas toujours ce que cela veut dire ni ce que cela implique. Et tout simplement on a parfois besoin d’une séance ou deux pour décharger un événement ponctuel et faire le point. On a parfois besoin de rencontrer un psy lors d’une première séance pour ressentir si on arrive à dépasser ce moment seul ou si l’on a plutôt besoin de commencer un suivi psychologique parce que ce vécu nouveau nous fait prendre conscience qu’il y a quelque chose de plus profond qui remonte à la surface.

Le rôle premier du psychologue est de vous apporter une écoute neutre et bienveillante. On entend ça à toutes les sauces sans savoir vraiment ce que ça veut dire. Les premières séances sont des rencontres pour créer une relation de confiance, pouvoir sentir si cette relation thérapeutique convient à chacun. Le psychologue vous propose un cadre particulier puisque ce moment vous est pleinement dédié, à vous, votre parole, votre silence, vos émotions quelles qu’elles soient, vos états d’âmes en somme. Le psychologue a appris les différents fonctionnements psychologiques, ce qui le sensibilise davantage à tel ou tel fonctionnement. De plus, encadré dans son métier et se formant régulièrement même après l’obtention de son diplôme reconnu par l’Etat, il a lui-même conscience qu’il est important d’être toujours au travail et en développement personnel. Son rôle est de vous aider à devenir autonome dans le développement et l’entretien de votre bien-être. En gros que vous n’ayez, à l’arrivée, plus besoin de lui et que vous vous sentiez plus forts et indépendants pour trouver vos propres solutions parce que vous en êtes capables. Le psychologue est aussi là pour vous aider à mieux cerner en quoi vous pourriez avoir besoin de lui. En effet, cela peut prendre parfois plusieurs séances. Et d’ailleurs, cette demande peut évoluer au fil du temps.

2. La relation avec le psy est particulière

Il sera vigilant car il sait que sa parole l’implique et qu’elle peut vous impacter tant positivement que négativement. Il est conscient des enjeux psychologiques et de l’intérêt de pouvoir vous accueillir dans un espace préservé des regards et jugements extérieurs. Comme une bulle de respiration, un temps hors du temps, ce moment est à la fois lié à votre vie quotidienne et à la fois extérieur. La confidentialité et l’anonymat aident aussi à exprimer des choses que l’on n’aurait pas osé dire à d’autres, nos plus grandes angoisses ou des pensées parfois inavouables. Ceci permettant d’aborder par exemple, ce qui vous fait souffrir dans telle ou telle relation dans votre entourage, tout en la préservant. Cela peut vous aider à amorcer au fur et à mesure un changement sur ce qui vous fait souffrir, en vous apportant la sécurité de ne pas totalement ébranler l’équilibre que vous avez jusqu’ici réussi à maintenir, parfois tant bien que mal.

En fonction de ses spécialités, le psychologue vous aide à travailler sur vous-même pour trouver un apaisement émotionnel, relationnel et psychologique, à trouver des réponses pour une meilleure compréhension de soi. Ses connaissances le distinguent des personnes que l’on côtoie au quotidien car elles l’éclairent sur les axes à explorer, là où il est bon de creuser. Là où un ami par exemple, ne pourra faire qu’à partir de ses propres expériences de vie et de ce qu’il en a fait. Il va précisément explorer avec vous vos besoins, limites et vos ressources que vous n’avez peut-être pas jusqu’alors conscientisé et consolidé. Il incarne donc une fonction qu’une personne qui vous connait dans un autre cadre ne pourra pas assurer justement parce qu’il ne connaît pas votre entourage, il pourra garder sa neutralité et entendre votre parole et votre perception et ressenti des situations que vous lui partagez. S’il vous voyait agir au quotidien, parler avec des amis, évoluer dans votre famille ou votre travail, conserver cette neutralité lui serait impossible.

Il vous aidera aussi à trouver des stratégies pour les mettre en actes concrètement dans votre vie de tous les jours (par exemple, réussir à prendre du recul sur une situation douloureuse pour faire le tri sur ce qui a pu la provoquer puis vous aider à développer de nouvelles stratégies pour l’éviter à l’avenir si besoin ou la gérer autrement si elle se répète, ce qui arrive bien souvent).

Conclusion

Finalement, on pourrait en débattre dans tous les sens que ça n’y changerait rien, chaque psychologue se positionne en fonction de ses différentes formations (universitaires et complémentaires), de ce qui lui paraît juste éthiquement et de ce qui lui convient et qui lui semble en accord avec sa personnalité. Toutefois il effectue un travail qui peut être encadré par une supervision professionnelle et sait que son travail sur lui-même favorise la conservation de sa neutralité bienveillante et de son positionnement éthique. Ce n’est pas un travail qui peut s’improviser, d’ailleurs les 5 ans d’études initiales à l’université ne représentent que la base de sa formation. 

On peut être anxieux à l’idée de consulter un psy et ne pas savoir si l’on en a vraiment besoin ou tout simplement exprimer clairement pourquoi on en a besoin. Pour répondre à ces questions il est nécessaire d’oser se confronter à l’expérience de cette relation qui est particulière. Se confronter au travail thérapeutique peut faire peur car on sait instinctivement que cela va changer des choses en nous et que l’on va devoir se confronter à ce qui fait mal. Cependant, on peut aussi se rassurer sur le fait que l’on pourra se sentir en confiance avec un autre psychologue alors qu’avec le précédent cela ne passait pas. Parfois il s’agit aussi de la méthode thérapeutique utilisée, peut-être qu’elle appuie trop sur votre difficulté là où une autre permettra un certain pas de côté plus rassurant, comme par exemple être suivi en art-thérapie au lieu d’une thérapie en face à face et uniquement verbale. Notez d’ailleurs qu’il y a des psychologues qui travaillent aussi par téléphone.

Rendez-vous le lundi 11/03/2023 pour la partie 2 !

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