Ep # 6 [C’est Quoi un Psy] – Les 4 questions les plus posées avant la première séance (partie 2)

par | 11/03/2024 | Articles | 0 commentaires

Avant d’aborder avec vous comment se passe une première consultation avec un psy, je voulais vous partager ces questions que l’on m’a le plus souvent posées avant la première séance. J’en ai regroupées 4 principales car ce sont vraiment celles qui se retrouvent dans presque toutes les bouches et je pense qu’elles vous parleront. Dans cette deuxième partie, on aborde la question 3 et 4 !

Si vous n’avez pas encore écouté la première partie de l’Épisode #6, retrouvez-la ici !  

Écoutez l’épisode de podcast : 🎙️ EP#6 – [C’est Quoi un Psy] – Les 4 questions les plus posées avant la première séance (partie 2)

Question 3 : si je parle de mes problèmes ça va empirer mon état ?

1. La peur de perdre le contrôle et la culpabilité d’aller mieux

Rouvrir cette boîte mise de côté, où l’on a enfermé toutes ces choses qui nous font souffrir, peut faire peur. Le but initial était une mise à distance, un évitement, un refoulement de ce qui fait souffrir. Ce sont des stratégies de défenses qui peuvent fonctionner et qui soulagent, en apparence et au long court. La réouvrir est-ce que ce serait comme ouvrir la boîte de Pandore ?! Et puis, c’est des choses que l’on entend souvent socialement « oublie ça, n’y pense pas tu te tortures toi-même pour rien ». On peut entendre aussi cela dans notre éducation, de la part de nos parents. Ces injonctions et transmissions parentales peuvent provoquer un empêchement ou un interdit de penser et un interdit d’être et de se sentir vulnérables, d’avoir des fragilités. C’est comme s’il était anormal de vouloir réfléchir sur ces choses que l’on rumine ou de s’autoriser à ressentir des émotions « négatives ». Or, comment peut-on vraiment et définitivement faire évoluer une chose en la fuyant ou en s’enfermant dans le déni ?

On ne va pas mentir, s’y confronter demande du courage. On a peut-être aussi l’impression que c’est être maso de revivre sa souffrance car effectivement, votre cerveau ne fait pas la différence entre les émotions que vous réactivez par le souvenir d’un événement douloureux avec ce qui se passe concrètement dans la réalité. Donc revivre son souvenir c’est comme revivre l’événement traumatique autant de fois qu’on y pense. On peut aussi se dire que c’est s’enfermer dans un égocentrisme de ne parler que de soi en séance. Cela peut-être lié à une croyance apprise, celle de penser que je dois être là pour les autres et que de m’accorder du temps c’est égoïste. Quel risque ai-je à perdre de quitter cette place de celui qui tient pour les autres ? Les autres personnes de ma famille et de mon entourage ont-ils quelque chose à perdre si je m’occupe de moi-même ? Qu’ai-je peur de quitter ou de rencontrer en thérapie ?

Tant de questions que vous pourrez démêler avec le psychologue. Riche de ses connaissances et de sa sensibilité clinique, soit de ce qu’il ressent dans les échanges et de ce qu’il parvient à en interpréter, il veille à vous aider à avancer mais pas n’importe comment ! En fonction de comment il ressent votre état et de ce que vous lui partagez, il veillera à y aller suffisamment en douceur et à respecter votre rythme sans pour autant vous laisser tourner en rond et vous perdre dans des ruminations stériles. En tout cas, il tentera de vous guider pour vous aider à sortir de ce fonctionnement et à trouver d’autres manières de faire. Il y met un investissement professionnel et des efforts, mais gardez bien en tête que c’est votre engagement dans votre thérapie qui est garant de sa réussite !

2. Quelle est la thérapie la plus efficace ? La vérité qui dérange

Pour ajouter un élément de réponse supplémentaire à la 3ème question, j’aimerais vous partager brièvement mes réflexions et remarques concernant un webinaire auquel j’ai assisté la semaine dernière. Ce dernier était animé par un thérapeute et un neurologue spécialisés dans la prise en charge des phobies. Ces deux collaborateurs ont mis en relief l’importance de la mobilisation du corps pour le traitement des réactions émotionnelles incontrôlées dans les phobies. Ceci me paraissant en effet très pertinent dans le sens où ces réactions émotionnelles sont le signe de traumatismes non guéris. De plus, votre corps possède une mémoire et est capable d’exprimer et de libérer des choses qui dépassent votre conscience. Ils ont mis en avant l’efficacité de techniques psychocorporelles comme l’hypnose, la cohérence cardiaque et l’EFT en expliquant qu’à elles seules elles ne suffisent pas mais sans expliquer pourquoi. Ces techniques vous aident à traiter différemment l’information qui a fait traumatisme tout en apaisant l’angoisse et les émotions qui se rattachent à cet événement et se réactivent. Cependant, attention à ces discours sur les méthodes vendues comme des méthodes miracles et efficaces en une ou deux séances, la réalité est bien plus complexe que cela. Si vous avez un traumatisme complexe (qui est profondément ancré car issu de la répétition de plusieurs événements traumatisants dans votre vie), une ou deux séances ne suffiront pas.

Pour terminer sur cette question, rappelez-vous de l’information la plus importante : c’est la relation qui soigne. Pourquoi ? Parce qu’à l’origine d’une souffrance il y a eu un événement en lien avec la relation avec quelqu’un d’autre. Au-delà de la technique, c’est la relation qui soigne avant tout. Certains ont essayé de prouver en vain que les techniques TCC étaient plus efficaces que les autres ; par exemple la psychanalyse elle aussi est engagée dans les thérapies qui soignent par le corps, , alors qu’elle a été décrédibilisée dans ce webinaire en expliquant que passer par la parole n’est pas pertinent. Mais la vérité c’est que toutes les techniques thérapeutiques ont leur place, à partir du moment où elles relèvent d’une éthique et d’une base théorique solides et sérieuses. Celle qui vous convient, le thérapeute qui vous convient, dépend aussi et surtout de vous, de vos besoins et de votre singularité.

Question 4 : est-ce que le psy va me juger ou me trouver fou ?

1. L’éthique du psychologue : le non-jugement

Pourquoi pense-t-on cela du psychologue tout en sachant sur le papier qu’il dit proposer un espace d’échange bienveillant, neutre et sans jugement ? Simplement parce que l’on va projeter sur lui les vécus relationnels que l’on a déjà et que l’on a eu auparavant. On peut par exemple avoir vécu tout un tas de situations où l’on s’est senti jugé, parfois de façon répétée. en ayant cette peur dominante que cela ne se reproduise, il peut arriver que l’on projette cela dans nos relations, surtout dans les nouvelles rencontres. A ce moment-là, on peut se sentir jugé en interprétant le langage verbal ou non verbal, les mimiques d’une personne de manière erronée. C’est une chose que l’on peut justement travailler en thérapie. Le psy le sait et son rôle est justement d’accueillir vos projections. Choses qu’un ami pourra avoir du mal à faire.

De plus, on lui prête souvent un savoir tout puissant, comme s’il était mentaliste et capable d’établir un diagnostic en un clin d’œil juste en regardant votre visage ou en vous regardant dans les yeux. Alors certes on ne va pas mentir, plus on affine sa sensibilité clinique, d’autant plus si l’on a déjà une grande sensibilité, plus on va être capable de détecter certaines choses rapidement. Cependant, il ne peut deviner tous les détails de votre vécu, votre vie familiale, amicale, professionnelle, et encore moins comment vous le vivez, si vous ne prenez pas de temps d’échange ensemble pour les explorer. Votre parole a une importance. J’ai quand même entendu dire qu’il y avait des psy qui s’amusaient à faire des débuts d’analyse en deux minutes en parlant avec des connaissances en soirée et à leur proposer des séances de psychologie. Je tiens à vous dire que cela ne rentre pas dans les règles éthiques de la profession et vous encourage à remercier gentiment ces personnes-là et à les inviter à se faire superviser ou à leur rappeler que cela ne respecte pas votre intimité et votre besoin de passer une bonne soirée. Un psychologue qui respecte son rôle et sa profession ne se permettrait pas de faire intrusion dans votre vie privée.

Cependant, il peut arriver que l’on soit réellement jugé en thérapie… Eh oui nous ne sommes pas des robots et restons humains, les professionnels de santé et du soin ne font pas exception à cette règle. Dans tous les cas, écoutez-vous. Rien ne vous oblige à poursuivre cette relation thérapeutique si elle vous insécurise et augmente de manière significative votre souffrance. Toutefois, l’exprimer auprès de la personne pourrait avoir deux effets bénéfiques : lever un malentendu et renforcer l’alliance thérapeutique, ou au contraire, quitter cette relation en vous positionnant et en exprimant enfin votre vérité.

Pour vous informer davantage sur la question du diagnostic, je précise aussi que le psychiatre est celui qui établit des diagnostics permettant une prescription de médicaments. Le psychologue peut également en faire, notamment lorsqu’il a désiré se spécialiser, mais il vous accueille au-delà de cette “case” et ce n’est pas lui qui pourra vous dire quel médicament prendre. Il peut vous informer et vous orienter auprès d’un psychiatre ou d’un médecin généraliste dans un premier temps. A mon sens, son rôle est aussi de vous informer de ce que peut vous apporter en complément de son travail avec vous. Je vous ferai prochainement un épisode sur le premier rendez-vous avec un psychiatre et sur la peur de prendre des médicaments.

A ce sujet, si vous ne l’avez pas déjà fait, je vous invite à écouter l’Ep #1 – C’est quoi un PSY ? Qui vous explique en quoi chaque profession de « psy » se distingue et se complète.

2.  “Voir un psy c’est être fou !”

Je me suis aussi longtemps demandée ce qu’il pouvait s’être passé d’un point de vue sociétal pour que la profession de psychologue soit autant source de projections et de peurs. En effet, il faut savoir qu’à l’origine, avant la psychanalyse (début 20e) et la psychologie (fin 19e) est née la psychiatrie en France (fin 18e).

Dans les premières années de sa création, les patients étaient placés dans des asiles psychiatriques à l’écart de la ville et souvent éloignés de leur famille, comme « coupés du monde extérieur » et de la société. On craignait la contamination de la population « saine », on avait peur de la « folie » des « fous ». D’ailleurs, l’église a été la première à s’en occuper. Nous possédons cet héritage qui n’est pas sans conséquences, surtout que les états psychiatriques de l’époques étaient différents d’aujourd’hui, les symptômes étaient d’après les dires dans les écrits, beaucoup plus impressionnants et on opposait les gens « normaux » inscrits dans la société aux « anormaux ».

Au moment de la seconde guerre mondiale, les médecins ont déserté les asiles pour aider les blessés de guerre, laissant mourir de faim les patients présents. Ce moment a marqué un tournant majeur car dans certains hôpitaux on a laissé les patients travailler pour survivre et on a constaté de leur capacité, en temps de crise, à mobiliser des capacités inexprimés jusqu’alors. C’est à ce moment-là qu’on a vu la capacité du travail à soutenir la santé mentale, apportant alors la possibilité aux « malades mentaux » (comme on l’entendait beaucoup) de nouvelles perspectives pour faire partie de la société. C’est alors Jean Delay qui a initié la réforme de 1957 pour organiser la psychiatrie en secteurs, permettant ainsi aux patients de se réinscrire dans la société et d’être hospitalisés plus proches de leurs familles.

Les choses sont très différentes aujourd’hui mais on en a toujours peur. Notre société, fonctionnement social et notre culture ont une influence sur la perception du métier de psychologue. Peut-être a-t-on reçu une transmission des générations précédentes que le risque d’être fou entraînerait le risque d’être lynché et écarté de la société, de se retrouver seul et isolé, d’être montré du doigt. N’oublions pas que l’homme a peur de ce qu’il ne comprend pas. A-t-on peur de la folie de l’autre ou de la folie que l’on peut avoir en nous-mêmes. Pour se construire, l’homme a appris en premier par l’imitation. Si l’autre a une part de folie, je peux donc en avoir une… Est-ce que du coup ces choses que je ne comprends pas en moi, c’est de la folie ? Qu’est-ce que ça pourrait être d’autre ? La folie c’est pas perdre le contrôle ? Ai-je donc peur d’être fou ou bien de perdre le contrôle, dans le fond ? Se sentir étranger à soi-même, n’est-ce pas cela une des plus grandes souffrances que l’on peut ressentir ?

Conclusion

Consulter un psychologue peut faire peur car instinctivement on se dit qu’il est plus cohérent de conserver le fonctionnement que l’on a maintenu à bout de bras et qui nous a aidé à tenir pendant longtemps. mais voilà, le problème c’est qu’aujourd’hui le barrage commence à craquer et arrivera le moment où il ne suffira plus et finira par céder. On le voit venir, mais on y reste. Pourquoi ? Parce qu’on ne sait pas ce qu’il y a derrière et si l’on arrivera à faire autrement. Parfois même, on peut inconsciemment résister à aller mieux parce que d’une manière ou d’une autre cela entretient une place sociale, familiale dans notre vie qu’on n’est pas prêts à lâcher. On peut alors culpabiliser de vouloir aller mieux car il y a d’autres enjeux dont on n’a pas forcément conscience en ayant la tête dans le guidon et en essayant de se gérer seul. Souvent, on entend que pour traiter tel ou tel problème, il y a des thérapies meilleures que d’autres. Or, on n’a jamais réussi à prouver qu’au-delà des techniques utilisées c’est bien la relation qui soigne, et c’est une vérité qui dérange.

Dans ce qui peut empêcher de consulter un psy, il y a aussi la peur du jugement de l’autre et cette représentation sociale et sociétale du métier de psy : “voir un psy c’est être fou”. Parfois, si on a vécu des situations de jugement à répétition, on peut en venir à projeter sur les autres des mauvaises intentions alors qu’il s’agit d’un quiproquo. Il peut arriver qu’un professionnel nous juge, à ce moment-là à nous de nous positionner face à lui et d’exprimer notre vérité. Rien ne nous oblige à continuer de le consulter et cela pourrait beaucoup mieux se passer avec un autre. Enfin, je me suis longtemps posée la question de ce qui, d’un point de vue du vécu de notre société et de notre culture en France, pouvait avoir instauré cette représentation. C’est en en apprenant davantage sur l’histoire de la psychiatrie en France – mais surtout en revenant dessus après-coup – que je fais l’hypothèse aujourd’hui de son influence sur notre société contemporaine. Elle a été la première à poser ses pierres et a longtemps été dominante dans la prise en charge de certains troubles.

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