Aujourd’hui, dans la série [C’est Quoi un Psy], après avoir abordé les 4 questions les plus posées par les personnes avant de consulter un psychologue pour la première fois, on va aborder les 4 grandes questions, les 4 grands axes explorés par le psychologue lors de la première consultation :
1 – Avez-vous déjà consulté un psychologue ?
2 – Qu’est-ce qui vous amène à consulter aujourd’hui ?
3 – Comment avez-vous géré ces problèmes jusqu’à maintenant ?
4 – Quelles sont vos attentes par rapport à cette thérapie ?
Écoutez l’épisode de podcast : 🎙️ EP#7 – [C’est Quoi un Psy] – La première séance : les 4 questions que pose le psychologue
Préambule : le premier contact avec un psy avant la première séance
Avant de discuter autour de ces questions, je pense qu’il est important d’évoquer aussi le premier échange avec un psychologue car là, son déroulement dépendra du contexte et du lieu dans lequel vous le rencontrez. La toute première prise de contact ne correspond pas forcément à la première séance, par contre certaines de ces questions peuvent, ou non, être posées pendant le tout premier échange. Là encore, cela dépend de la manière de procéder du psychologue et du lieu où il travaille. Par exemple, si vous le rencontrez dans un CMP, au préalable vous aurez rencontré au préalable le médecin psychiatre, avec lequel vous échangez pour définir votre parcours de prise en charge, car le CMP est composé de différents professionnels de santé et médico-sociaux. Ce ne sera donc pas le psychologue qui fera l’échange préalable à la première prise de rendez-vous. Par contre, si c’est avec lui que vous échangez pour la première fois, et admettons qu’il travaille en libéral, il se pourrait que vous échangiez par téléphone ou bien par mail, ou que vous preniez carrément directement rendez-vous en ligne sur la plateforme choisie.
Pour ma part, je m’autorise à poser ces 4 questions, à minima, lors du premier échange même s’il ne s’agit pas de la première séance. Et je vous explique mon cadre de travail après avoir échangé un peu. A contrario, lorsque je recevais des patients par téléphone sur une ligne d’écoute pour les salariés, je proposais en premier lieu de poser le cadre, d’expliquer ce que nous proposions avant d’aborder toute autre question. C’est une question de choix, l’important c’est que, que l’on choisisse de le faire de telle ou telle manière, cela ait été pensé en amont et ait du sens pour nous, et qu’on pense que cela en a aussi pour nos patients. Bien sûr, on travaille avec l’humain, donc le vivant, si nous avons une personne qui est très inquiète du cadre et de la manière de travailler avec le psychologue, si la personne l’exprime, c’est ce qui sera abordé en premier. Notez que dans tous les cas, le tout premier échange avec un psy, que cela soit avant la première consultation ou au moment du début de la prise en charge psychologique, ce moment est aussi fait pour que vous posiez vos questions. Car, comme pour un entretien d’embauche, on oublie qu’on a aussi à évaluer si ce qu’on nous propose nous convient !
Il n’y a pas forcément d’ordre à ces 4 questions. D’ailleurs, au-delà il y aura aussi l’importance de la discussion sur le cadre des séances ! Encore un mot qui peut paraître abstrait lorsque l’on est extérieur au domaine de la psychologie. Mais le petit secret c’est pourquoi on utilise des mots comme ça qu’on ne comprend pas ? Car quand ils sont bien compris et assimilés, ils nous permettent d’utiliser un terme au lieu d’avoir à faire deux ou trois phrases pour expliquer de quoi on parle ! Et en gros, quand on parle de cadre des entretiens de psychologie, on va parler de tout ce qui organise, délimite et cadre le temps et le déroulement des séances, donc leur fréquence, leur durée, le type de travail à effectuer ensemble et leur(s) objectif(s), leur tarif ainsi que certaines règles éthiques et de déontologie.
Nous verrons tout ça dans l’Ep #8 le 25 Mars !
Notez que là encore, il n’y a pas de règle absolue. Je parle de 4 questions mais voyez les comme 4 grands axes principaux dans lesquels peuvent se décliner des sous questions en fonction de la personne, de l’échange qui a lieu et du style du psychologue rencontré. D’ailleurs, au-delà de la spécialité du psychologue, la manière d’aborder ces questions dépend également du lieu dans lequel vous le rencontrez : est-ce en libéral dans un cabinet indépendant ? Est-ce dans une association ? Un CMP ? Un hôpital ? Etc. Il est important de vous rappeler de quelle place je me situe lorsque je vous réponds car, la liberté que j’ai pour gérer le déroulement de mes entretiens, tous ne l’ont pas au sein de certaines institutions (encore un mot sorti du jargon de psy, quand on parle d’institution, sachez que cela veut dire : tout établissement public ou privé dans lequel est employé le psy et dans lequel vous êtes reçu, un hôpital et un CMP sont donc des institutions).
On termine maintenant ce préambule pour enfin attaquer ces 4 questions !!
1 – Avez-vous déjà consulté un psychologue ?
Personnellement, je précise en demandant : avez-vous déjà consulté un psychologue, un psychiatre ou un thérapeute ? Si oui, pourquoi avez-vous arrêté votre suivi ?
Ce n’est pas le cas de tous les psychologues, certains préfèrent même ne rien savoir de ce qui a été travaillé auparavant pour être sûrs d’accueillir la personne comme elle est à l’instant T et de s’approprier le travail psychothérapeutique à sa façon. Pour ma part, je trouve important d’accueillir cette expérience à travers la parole de la personne et de connaître le souvenir et le vécu qu’elle en garde. Tout simplement parce que je considère que poser la question peut aider une personne à dire au nouveau psy si elle s’est sentie en difficulté dans son ancien suivi, les avancées qu’elle a déjà faites ou non et donc de s’inscrire dans la continuité d’un travail personnel déjà commencé. Après, la personne en dit ce qu’elle veut. Si elle ne ressent pas le besoin d’en parler, cette question n’ira pas plus loin.
Demander si vous avez déjà consulté permet d’aborder votre expérience de la thérapie. Dans le cas de certains suivis, le travail effectué avec un précédent psychologue a pu être évoqué vers le milieu ou la fin de prise en charge. Par exemple, il est arrivé qu’une personne me dise qu’avec moi c’était différent, que l’on avait abordé des éléments plus précis, profonds ou qu’elle avait pu mettre en place des choses vraiment nouvelles grâce à notre travail ensemble. A ce moment-là, il me paraît important de ne pas venir entraver ou contredire le travail qui aurait été fait avec un confrère ou une consœur, d’abord pour ne pas déstabiliser la personne mais aussi pour valoriser ce travail et le fait que chaque personne est différente et que chacun a besoin d’étapes singulières dans son travail personnel et sa compréhension de soi-même. De plus, cela donne l’occasion d’encourager la personne si elle a aussi besoin de décharger une éventuelle déception ou remise en question de son avancée. Et si c’est judicieux, cela permet de mettre en relief le/les points qui sont intéressants à creuser et à continuer de travailler. Sinon, il n’est pas rare qu’une personne exprime dès la première séance qu’elle a rencontré des difficultés et été déçue de précédentes prises en charge.
Peut-être vous le constatez dans ma manière de discuter ce sujet, j’aime garder une certaine flexibilité en fonction des personnes rencontrées. Et pour avoir une flexibilité, quel que soit notre travail, il est important d’avoir en tête un cadre clair et de savoir le sens de ce que l’on fait, pourquoi on le fait. La souplesse est issue d’objectifs et de limites clairs et prédéfinis.
L’autre raison qui motiverait un psychologue à vous demander si vous avez déjà consulté un psy, ce serait pour obtenir plus d’informations sur vos « antécédents psychiatriques« , comme on le dit dans le milieu. Ça fait peut-être peur dit comme ça, mais c’est essentiel ! Cela lui permet d’évaluer si sa proposition de prise en charge peut vous convenir, si vous avez besoin d’être orienté et informé pour être suivi par un psychiatre, de savoir si vous êtes à jour dans vos traitements actuels ou si vous rencontrez des difficultés. Et cela permet aussi de commencer à aborder la deuxième question qui est la raison de votre venue et de votre désir d’amorcer un suivi de psychothérapie. Car, quand on parle de troubles psychiatriques, cela englobe la dépression, la bipolarité etc… Les partager avec le psychologue est très important pour une prise en charge de qualité.
2 – Qu’est-ce qui vous a amené(e) à me consulter ?
C’est dans cette question que vous êtes amenés à partager ce qui vous met en difficulté et/ou vous fait souffrir aujourd’hui. Vous aurez l’occasion de dire depuis quand vous ressentez ce mal-être et les situations qui selon vous provoquent cette souffrance. Le psychologue vous posera des questions en fonction de ce que vous exprimerez, il essaiera de savoir de quel type de souffrance il s’agit (émotionnelle, relationnelle, physique, psychologique etc.). Il essaiera d’évaluer s’il s’agit de quelque chose de chronique et qui se répète ou s’il s’agit d’un événement ponctuel dans votre vie. Avoir accès à votre ressenti l’aidera à sentir comment se positionner face à vous, à cerner votre besoin de prise en charge.
Donc (et j’en parle parce que j’ai vu passer cette question sur les réseaux) mentir ou omettre les éléments importants à votre psy, cela ne peut que vous desservir vous-même dans le sens où moins le psychologue a accès aux informations relatives à votre vécu, vos symptômes, moins il a d’ingrédients pour alimenter sa réflexion clinique qui nécessite que vous lui ouvriez suffisamment la porte. Rassurez-vous, ce que je vous dis là concerne l’ensemble de votre suivi psychologique, vous aurez le temps d’aborder tous ces éléments et de creuser au fur et à mesure tout cela. Après, comme je vous le disais, cela dépend du style du psy. Il est possible qu’il vous laisse ce temps, ou bien qu’il ait un style plus directif à la première séance et vous pose toutes les questions qu’il a sur sa grille d’anamnèse.
3 – Comment avez-vous géré ces problèmes jusqu’à aujourd’hui ?
Ensuite, le psychologue vous demandera ce qui vous a aidé à tenir depuis la survenue du problème que vous rencontrez. Avez-vous plutôt évité de penser à votre souffrance ? Faites-vous abstraction de vos émotions ? Augmentez-vous votre activité sportive, professionnelle ou vos sorties ? Par exemple.
Selon ce qui est évoqué, il n’est pas impossible qu’il vous demande si vous avez aussi eu et/ou augmenté votre consommation d’alcool, de tabac, voire de drogue(s), et si vous avez déjà eu des idées noires ou des pensées suicidaires en raison de ces problèmes que vous rencontrez, mais il me semble que tous les psychologues ne posent pas systématiquement ces questions (ce qui est bien dommage car je trouve que nous sommes sous-formés sur ces sujets). En effet, il y a un grand tabou, une difficulté à parler de la crise suicidaire. On a souvent peur qu’en posant la question de manière franche on induit cette idée chez les personnes qu’on prend en charge. Au contraire, il faut pouvoir poser ces questions franchement car sans ça, il est déjà très difficile pour une personne de se confier sur ce genre d’état-d’âme.
Je vous ferai aussi un épisode de prévention et d’information sur l’état suicidaire, n’hésitez pas dès maintenant à partager vos questions pour m’aider à le préparer, que cela soit en commentaire, ou en prise de contact sur mon site ou par e-mail.
Outre le fait que cela permet d’avoir accès à ce que vous avez mis en place et qui ne semble pas fonctionner, riche de ses connaissances il pourra parmi toutes vos tentatives, avoir accès à vos ressources personnelles (intérieures et extérieures) et à celles que vous n’avez éventuellement pas encore mobilisé. Dans les ressources que l’on a, peut y avoir des ressources :
- cognitives (considérez-vous que vous avez la capacité de trouver des solutions, de faire face aux problèmes ?)
- émotionnelles (pensez-vous pouvoir encore agir sur votre vie ?)
- sociales (avez-vous un réseau social et familial présent et développé ?)
- vos actions (avez-vous mis en place des actions concrètes face à vos problèmes ?)
Tout cela va donc permettre au psychologue d’avoir déjà des pistes de diagnostic, de compréhension de votre souffrance, de vos ressources intérieures et extérieures, et aussi commencer à certains vos éventuels besoins (relationnels, émotionnels etc.) et vos limites qui ont été dépassées. Cet accueil de votre singularité l’aide à trouver le bon positionnement et la bonne méthode pour votre prise en charge. Et là il me semble qu’on voit assez bien qu’un psychologue ça ne fait pas qu’écouter, comme un ami ou un professionnel non formé à la prise en charge psychologique, le ferait.
4 – Quelles sont vos attentes par rapport à cette thérapie ?
Enfin, le quatrième grand axe abordé lors de la première rencontre avec un psy est l’attente ou l’objectif que vous avez en suivant une thérapie. Là encore, rassurez-vous, il n’est pas rare que vous n’ayez pas d’objectif clair et très défini quand vous venez pour la première fois. Cet objectif peut être vague, flou, vaste. Il peut alors nécessiter plusieurs séances pour réussir à le définir cependant il est nécessaire pour que vous vous sentiez engagé dans votre thérapie. Il informe le psy de la direction que vous souhaitez prendre et permet de poser le contrat implicite ou explicite d’un engagement mutuel dans ce travail.
Certaines prises en charge m’ont amenées à penser que cela n’est pas sans lien avec la difficulté que l’on rencontre parfois à cerner sa souffrance et à la comprendre. On a parfois l’impression de vivre une constellation d’événements qui nous mettent mal, des situations qui n’ont pas l’air d’avoir de lien entre elles, on a l’impression que la souffrance vient de tous les côtés, qu’elle est à la fois diffuse et en même omniprésente comme des sables mouvants dans lesquels on s’enfonce et desquels on ne sait pas comment ni par où sortir.
C’est le boulot de psy que de vous aider à faire le tri, à balayer ce qui a besoin de l’être, à en jeter à la poubelle, à en nettoyer et restaurer d’autres, avant tout travail de reconstruction et de création personnelle. On a parfois besoin par exemple de parler de ses problèmes familiaux, puis de ses problèmes professionnels, puis financiers, puis amoureux etc., non seulement pour évaluer ce que le psy peut nous en dire ou comment il peut nous aider face à cela, mais aussi pour faire le point soi-même en étant dans l’échange avec le psy. Car c’est ça aussi son travail de psy, c’est de vous aider à vous remettre à penser, à remettre en route votre créativité psychique, celle qui vous aide à relancer la machine pour vous adapter d’une autre manière face à vos problèmes et à créer de la nouveauté bénéfique dans votre vie.
Ca me fait d’ailleurs penser à cette belle phrase que m’avait dit une personne en fin de suivi : « C’est comme si j’étais dans une tempête et que vous aviez éclairci le ciel ».
Conclusion
Les 4 questions abordées et discutées aujourd’hui sont donc des axes à considérer comme des thèmes principaux questionnés par le psy lors de la première rencontre. Toutefois, ils ne sont pas abordés de la même manière selon la personne reçue, le psychologue qui reçoit ou sa spécialité. Certains tiennent des grilles d’anamnèse précises et explorent d’emblée l’ensemble des sphères de votre vie. D’autres, accueilleront davantage ce qui s’exprime et accorderons une attention particulière à ce qui ne s’exprime pas, ceci ayant aussi un sens. Bien sûr, le psychologue va décliner ces axes en sous-questions et va creuser de manière singulière en fonction de la personne accueillie. Pouvoir les aborder librement va aider à poser des bases de la relation et de l’alliance thérapeutique qui sont en train de se tisser avec le nouveau thérapeute. Au-delà de ces questions, parler du cadre des entretiens de psychologie est primordial et permettra de renforcer l’engagement de chacun dans ce nouveau travail personnel qui s’amorce !
Rendez-vous lundi 25 Mars l’Ep #8 pour découvrir le cadre de la psychothérapie, essentiel pour la confiance au sein de la thérapie !
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