Pour clôturer ce premier jet de la trilogie autour de la première séance avec un psy, je souhaitais aborder avec vous comment on construit la confiance avec son psy. Car j’ai déjà eu des retours de personnes (bien avant d’être psy) qu’à la première séance (voire jusqu’à la deuxième ou la troisième) la personne “vide son sac”, est dans une décharge verbale et émotionnelle en étant face à un psy plutôt silencieux. C’est un exemple mais il est revenu assez souvent dans ce qu’on m’a raconté et je croise encore des gens qui m’en parlent. Et le résultat de cela, d’après ces personnes, bien que certaines se soient senties écoutées, elles n’ont pas bien cerné le travail du psychologue, son positionnement et ce qu’il pouvait leur apporter. Et, j’ai l’impression que cela résonne un peu comme un manque de sens sur l’objectif de la psychothérapie, comme s’il y avait un sentiment de solitude dans la relation thérapeutique. Pourtant, se mettre d’accord sur le cadre de la thérapie, s’il convient autant au psychologue qu’à la personne qui consulte pour la première fois, c’est essentiel. Reposer le cadre c’est aussi nécessaire quand on entame une nouvelle étape du travail même si c’est avec le même psy. La question principale abordée aujourd’hui est la suivante :
Quels sont donc les ingrédients nécessaires pour permettre le fait de s’exprimer en confiance et en sécurité avec son psy ?
Écoutez l’épisode de podcast : 🎙️ EP#8 – [C’est Quoi un Psy] – Comment construire la confiance avec votre psy dès la première séance
La rencontre : un premier pas pour tisser l’alliance thérapeutique
Pour se sentir en confiance avec son psy, ce qui me paraît primordial c’est d’abord se confronter à la rencontre avec lui car cela apparaît comme le premier pas pour construire l’alliance thérapeutique. Échanger avec un psychologue permet de découvrir la part vivante du travail du psy, comment il en parle au-delà d’une simple description classique avec un mot clé comme “thérapie psychanalytique” ou “thérapie TCC” :
Comment travaille le psy et quel est son cadre ? Comment il en parle, vous semble-t-il professionnel et organisé ? Vous pouvez poser vos questions, comme par exemple : c’est psy qui parle ? En face à face ou avec le divan ? Y a-t-il des exercices concrets à faire entre les séances ? Est-ce une thérapie par la parole, l’art, le corps, la relaxation etc ? Thérapie courte, moyenne ou longue en termes de durée ?
Vous avez un aperçu des réponses à ces questions souvent à travers son site internet, sa page google ou bien son Doctolib par exemple. Mais pour ressentir si ce cadre thérapeutique vous convient, il est nécessaire de rencontrer le psychologue. Vous pouvez passer en premier par un contact téléphonique, mail, sms si vous avez accès à ses coordonnées. Vous pouvez également prendre rendez-vous directement avec lui, à ce sujet il n’y a pas de règle absolue, à vous de voir dans quelle modalité de première prise de contact vous vous sentez le plus à l’aise.
Vous avez ainsi la possibilité de s’exprimer, voir comment est le psy dans les échanges, comment il accueille notre parole. Expérimenter la rencontre avec un nouveau psy pour voir si on le sent authentique, digne de confiance, dans une bienveillance sincère, s’il fait preuve d’empathie lorsque vous exprimez des choses difficiles pour vous ou comment il réagit si vous exprimez une plainte ou si vous pleurez par exemple, si l’on se sent accepté tel que l’on se montre ou si le comportement du psychologue vous donne l’impression de reproduire un comportement douloureux pour vous. Être rassuré sur le fait que les séances sont bien confidentielles et anonymes dans le sens où le psychologue a ce devoir à ne jamais divulguer d’informations personnelles vous concernant, sans votre accord, sauf dans le cadre de secret partagé entre les différents professionnels qui vous prennent en charge si tel est le cas.
En somme, avoir l’opportunité de découvrir ses propres capacités de contenance émotionnelle et s’il est capable de cette fameuse neutralité bienveillante (non-jugement et maîtrise de ses projections), vous sentirez le degré de savoir et de compréhension du psychologue. Est-ce quelqu’un à qui vous pouvez prêter un savoir plus grand que le vôtre ou non ? Il faut que le transfert puisse s’établir, que la relation thérapeutique vous touche aussi suffisamment pour que vous investissez votre psychologue comme une personne qui peut vous apporter quelque chose. Si vous essayez à plusieurs reprises et que vous sentez un blocage en vous à ce niveau-là, cela peut venir de votre vécu et comment vous vous êtes construits et protégés par rapport à lui. Commencer à partager votre expérience de vie avec un nouveau psy pourrait être un tremplin pour comprendre pourquoi vous “n’accrochez pas” et permettre un changement.
Au-delà de la clarification de sa manière de travailler, comment fait le psychologue ? Il se demande parfois même sans s’en rendre compte “qu’est-ce que je pourrais faire ou dire pour que cette personne se sente plus à l’aise et libre de s’exprimer?” qui relève de sa capacité à ressentir la personne pour s’adapter au besoin qu’il cerne sur le moment. Et parfois il arrive que l’on accueille une personne en séance et qu’on réponde mal à cette question, qu’on tape à côté ou bien qu’on ressente qu’on n’y arrive pas. Ça arrive.
C’est quoi l’alliance thérapeutique ?
Je voudrais faire un petit aparté sur cette fameuse alliance thérapeutique avant de passer au deuxième point sur la question de comment on construit la confiance avec son psy. Il me semblait important de définir cette notion d’alliance thérapeutique.
J’ai trouvé un article qui n’est pas si long que ça, certes avec des concepts théoriques, mais je vous invite à le lire ou à le parcourir car même s’il y a des passages que vous ne comprenez pas il y a des phrases assez intéressantes. Il y a des passages qui montrent à quel point le positionnement, l’éthique, le relationnel du psy sont réfléchis, travaillés et qu’ils ne sont pas dus au hasard. Cet article vous intéressera si vous avez déjà rencontré des difficultés en séance avec un psy, si vous cherchez à répondre à des questionnements que vous avez eu et même si vous n’avez pas rencontré de difficultés particulières ! Car je trouve que c’est un texte qui amène à réfléchir.
Lien article de référence : Vasconcellos-Bernstein, D. (2013). Instaurer l’alliance thérapeutique. Le Journal des psychologues, 310, 25-28.
L’alliance thérapeutique est entendue comme la gestion de la relation asymétrique entre le psychologue, qui détient un savoir, et le patient, qui est en recherche de ce savoir et en questionnement. C’est cette gestion de la relation thérapeutique qui va cadrer et stabiliser le processus thérapeutique qui est ce moment transitionnel qui est entre le moment de la première rencontre avec le psy, et le désir de la compréhension de soi de la personne qui consulte, l’amenant à la résolution de ses conflits internes, de sa souffrance, à la trouvaille de ses propres clés et au fait de révolutionner sa vie.
Créer une alliance thérapeutique est une action intentionnelle du psychologue, en gérant cette relation asymétrique et en proposant une relation de qualité. Il sait qu’il détient un certain savoir mais son objectif est de rendre son patient autonome. Une alliance thérapeutique bien installée permet donc que patient et thérapeute regardent dans la même direction, avec confiance et coopération mutuelle.
Etablir les objectifs de la thérapie pour instaurer une collaboration thérapeutique
Afin d’être certains qu’on est sur la même longueur d’onde il est important de verbaliser l’engagement de chacun et la place et le rôle de chacun dans cet accompagnement. C’est-à-dire, s’accorder sur le sens commun de pourquoi on est là et établir un objectif à la relation thérapeutique. Comme dans toute relation on a besoin de savoir ce qu’on fait là, qu’elle soit amicale, familiale ou amoureuse. D’ailleurs, c’est comme une danse. Eh oui, si on prend l’exemple du tango, et si on connait un peu comment elle se danse, imaginons que la femme essaie de mener la danse comme l’homme… à ce moment-là on va plus être dans un combat de catch que dans du tango ! Eh bien la relation thérapeutique c’est un peu pareil !
En tant que patient on peut se demander : est-ce que je sais déjà ce dont j’ai besoin ? Notamment s’il y a un point précis que je sais qu’il m’handicape au quotidien et que j’ai un désir fort de le changer, même si je ne sais pas pourquoi je suis comme ça et/ou je me sens comme ça ! Ou bien, ai-je besoin de faire un tour sur ma vie sentimentale, professionnelle, amicale et relationnelle ou autre d’abord ? Afin de voir comment se positionne mon psy, à chaque séance avant de me sentir en capacité d’exprimer et/ou de conscientiser ce que je veux travailler en priorité, s’il y a plusieurs choses que vous souhaitez travailler. De plus, pouvoir faire le tour de tout cela avec son psy permettrait d’expérimenter son positionnement et sa manière de travailler, donc de sentir ce qu’il vous apporte en fonction des différentes situations de vie exprimées. En faire le tour donne des éléments à votre psy pour mieux vous connaître et vous comprendre, et il pourrait même trouver des liens entre des situations qui vous paraissent aujourd’hui éparpillées et déstabilisantes. Le psy peut vous aider à faire ce travail de tri et de compréhension de vous-mêmes.
Ainsi, la question est de savoir ce qu’on fait là, ensemble, et ce que vous vous voulez faire là. Encore une fois, si ce n’est pas encore clair pour vous, ne vous culpabilisez pas. N’oubliez pas que même quand on sait exactement ce dont on a besoin, il y a toujours des parts inconscientes de nous qui demandent à remonter à la surface et que votre demande peut évoluer.
Le plus important est d’établir un cadre solide ensemble. Car plus un cadre est clair, bien délimité, plus il est sécurisant pour vous et plus il favorise un accompagnement de qualité. Le plus insoupçonné de cet échange est de favoriser l’amorce de votre introspection ainsi que votre engagement dans votre travail personnel pour mieux connaître vos limites, besoins et ressources. Et, même si vous avez l’impression qu’aujourd’hui faire ce travail c’est comme vouloir gravir le Mont Everest sans aucune préparation, n’oubliez pas que vous n’êtes pas seul. Ça tombe bien, c’est justement le job de votre psy 😀
Conclusion
En résumé, on peut dire qu’avoir des objectifs communs et clairs pour la thérapie pour bien collaborer ensemble permet de réduire l’anxiété en lien avec le fait de consulter un psy et de ne pas s’avoir à quoi s’attendre, et donc de se sentir suffisamment en sécurité en séance pour faire confiance à son psy. C’est grâce à l’instauration d’une relation thérapeutique de qualité dans laquelle il y a une coopération, qu’on assure une base solide à l’alliance thérapeutique entendue comme la collaboration entre le psy et le patient, teintée de confiance mutuelle, pour accomplir les objectifs fixés. Cela permet de favoriser le rôle de contenance du cadre thérapeutique pour explorer son vécu douloureux. Car plus le cadre possède des limites claires, plus il est possible de se saisir des résistances face à la thérapie (qui ne sont pas si rares) comme des leviers thérapeutiques pour vous aider à avancer par l’analyse de ce qu’elles viennent nous apprendre de vos peurs et ressentis internes. On parlera des résistances à la thérapie dans un prochain article ! 😉
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