Quand consulter un psy ?

LE dilemme : consulter ou ne pas consulter un psychologue, telle est la question.

« Et pourquoi, moi, je devrais voir un psy !? »

Commencer une thérapie pour aller mieux nous demande de parler de son histoire personnelle. On expose alors des parts de son intimité que l’on a parfois jamais osé exprimer. Ce n’est pas anodin et demande de prendre le temps d’installer cette confiance dans la rencontre thérapeutique que l’on appelle l’alliance thérapeutique. C’est pourquoi je vous en remercie pour votre confiance. Il s’agit de voir comment se passe cette rencontre à travers les premières séances pour ressentir si elle convient au patient et au thérapeute. Parfois on a besoin aussi de voir si l’on a vraiment besoin de consulter un psy ou si l’on est tout simplement prêts à commencer un travail sur soi. En tant que psychologue c’est quelque chose que je considère.

« Oui mais… j’ai peur que ça ne passe pas avec le psy. Comment bien choisir son psy ?? »

À mes yeux, même une rencontre qui ne « prend pas » a des vertus thérapeutiques ! Pourquoi ? Tout simplement parce que cela vous donnera des éléments sur ce qui n’est pas en accord avec vous, et vous aiguillera sur quel type de psy vous convient davantage. Parfois cela se joue sur le plan inconscient, sans même s’en rendre compte ! Il n’y a pas d’échecs, seulement des expériences. D’ailleurs, il peut être très intéressant d’en parler ensemble lors de la première séance, ou par téléphone. Car cela peut apporter des éléments de compréhension concernant notre travail thérapeutique mais cela permet également au psychologue de poursuivre sa réflexion clinique et l’évolution de sa pratique de thérapeute; voire de ce qui a pu se jouer dans sa manière de mener cette thérapie si cela est abordé en fin de suivi.

    Commencer une psychothérapie : pourquoi on hésite ?

    Avant la première séance il peut arriver de se poser un tas de questions plus anxiogènes les unes que les autres : « Qu’est-ce que je vais devoir dire ?? Moi pour qui parler est difficile.. » – « Est-ce que ça parle un psy ? » – « est-ce qu’il va juste écrire sur son carnet, me regarder froidement et dire « hum-hum » ? » – « Est-ce qu’il va me juger, ou pire, me diagnostiquer un gros problème ? » – « qu’est-ce qui peut se dire en séance, quel langage utiliser? » …

    Celle qui m’a le plus souvent été partagé et qui a fait reculer de plusieurs mois, voire de plusieurs années le fait d’entamer une thérapie est la suivante : « si je prends rendez vous chez un psychologue c’est que je dois vraiment avoir un gros problème psychologique » – Pas forcément !

    Parfois on craint que prendre rendez-vous chez le psy serait comme une erreur d’été où vous vous retrouvez le lendemain matin avec un tatouage sur le front digne de Very Bad Trip 2 : « J’ai un problème ». Non seulement il serait alors visible de tous, mais en plus, on pourrait se demander « vais-je réussir à l’enlever un jour ou suis-je condamné(e) ? ». Est-on condamné à s’engouffrer dans ses problèmes ? Ceux que l’on tentait de mettre dans cette boîte qui déborde aujourd’hui. Et puis j’ai toujours fait comme ça ! Alors pourquoi ça ne marche plus aujourd’hui ? Est-on prédestiné à consulter un psy toute sa vie alors que d’autres semblent s’en sortir seuls ? Et puis, tout le monde va le savoir… non ? Au boulot, à la maison, mes amis, ils vont bien s’en rendre compte ! S’ajoute alors la 2e retouche du tattoo « Je vais voir quelqu’un« .

    La vérité c’est que vous le partagez à qui vous voulez. Le psychologue est tenu à l’anonymat de ses patients et au secret professionnel. Le choix vous revient donc de le révéler aux personnes en qui vous avez confiance, ou de le garder pour vous. Il n’y a aucune obligation à ce que tout le monde soit au courant. Et contrairement à ce que l’on s’imagine, on ne peut pas le deviner. Je n’ai jamais entendu quelqu’un dire « ah oui je suis sûre que lui a commencé à voir un psy parce que… »

    Au contraire, le métier de psychologue fait justement partie de ces métiers du « care », ceux qui exécutent des tâches discrètes à l’abri des regards. Ceux qui, lorsque le travail fait son effet, brilleraient par le fait qu’ils ne font pas parler d’eux (ex: métiers du soin, éclairagiste de spectacle etc.). Cela vous donne d’ailleurs des éléments de compréhension du pourquoi le métier de psychologue fait partie de ces professions qui peuvent souffrir du manque de reconnaissance. Finalement, c’est dans ces métiers où l’on prend beaucoup conscience de notre importance lorsque nous sommes absents. Difficile de se sentir reconnu quand on a l’impression que l’on n’a pas besoin de vous, non ? ;). Ça fait partie du jeu ! C’est en partie pour cela qu’un psychologue averti et bien (in)formé travaille sur sa pratique régulièrement ; pour ne pas se positionner comme un héro à acclamer en donnant des conseils à la Superman ni en donnant des solutions miracles à la Catwoman. L’orgueil et la certitude sont sa kryptonite. Il se doit de cultiver ses connaissances, son humilité et sa remise en question constamment ! (C’est qu’on comprendrait presque pourquoi il faut valider 5 ans d’études universitaires pour être psychologue !).

     

    Pourquoi me consulter pour une séance de psychologie ?

    Vous pourriez me dire « Ok.. mais du coup ça va me servir à quoi de voir un psychologue si je n’ai même pas de conseils concrets d’un expert pour débloquer ma situation ? J’ai besoin qu’on me dise quoi faire pour la régler le plus rapidement possible ! »

    C’est avant tout un temps hors du temps, de respiration, rien que pour soi, avec une relation pas comme les autres car on ne l’a pas à l’extérieur dans la vie quotidienne. Pas de tabous ni de gêne en séance (on est d’accord, c’est parfois plus facile à dire qu’à faire !) avec le psychologue qui accueille librement les mots ou ce qui est évoqué (ça c’est mon boulot 😉 ). On a le « droit » de dire des noms d’oiseau, de « se plaindre« , de dire des choses que la famille trouverait gênante, et même de pleurer. Parce que si ça vous démange, que c’est plus fort que vous, c’est que cela doit sortir. La seule condition pour maintenir notre rapport de confiance et d’alliance dans le travail, c’est de conserver le respect patient-thérapeute et thérapeute-patient. Eh oui, parce que cela peut arriver d’être en colère contre son psy. Cependant, cela ne remet pas en question la continuité de la thérapie ! Ça aussi, ça fait partie des choses à analyser ensemble en thérapie (et du « transfert » ! Pour les adeptes 🙂 ). 

    Ensuite, dans ma manière de travailler, il peut m’arriver de vous envoyer ce que j’aime appeler des « petites billes de symbolique » (comme des petites propositions pour vous aider à relancer votre pensée singulière qui peut se figer à cause de l’anxiété par exemple), à faire des « relances », vous poser des questions. Parfois encore il peut m’arriver d’ouvrir vers d’autres angles de vue de la situation évoquée, de faire une hypothèse de compréhension, ou de partager des images et des jeux de mots qui me viennent en tête et qui peuvent aider à approfondir l’analyse de la situation évoquée (mouvement que l’on nomme « association » en psychanalyse), voire de vous partager les émotions ou idées que vous n’exprimez pas mais qu’il me semble ressentir au cours de la séance.

    Comme je vous le dit en séance, ces interventions n’ont pas valeur de vérité absolue, au contraire vous êtes invités à me dire si cela vous parle ou non, et même si vous pensez carrément le contraire !

    J’ai été d’ailleurs étonnée des retours de mes patients qui m’ont parfois dit que cela résonnait comme des « conseils » pour eux (petit coup de chaud à mon éthique ^^’). Le plus beau c’est qu’en creusant la question avec eux sur le pourquoi ce mot, j’ai ensuite compris que sur la base de certaines de ces interventions, ils ont trouvé des solutions, par eux-mêmes sans s’en apercevoir. Ces interventions devenaient ainsi comme un « conseil ». Alors on peut se poser la question suivante : trouve-t-on (enfin!) une solution seulement lorsque l’on a reçu un conseil en amont ? (Je vous laisse méditer sur la question :D).

    Je dirai enfin que, certes nous ne sommes pas dans une pub McDonald’s, mais vous pouvez quand même venir en séance comme vous êtes. Avec votre fonctionnement, personnalité, manière de vous exprimer, vos questionnements ou difficultés de vie etc. Je m’adapte selon la personne qui me consulte car chaque rencontre est unique et les séances ne se ressemblent pas forcément. Chacun va à son rythme.