Photographie de Tamara Oliver
Aujourd’hui, dans la série [Quand Consulter un Psy] on va parler de ces moments où on se sent seul et incompris, quand on ne sent pas écoutés par son entourage ou bien que cela ne suffit pas pour aller mieux ! Cet épisode vous concerne si vous ne trouvez pas de soutien ni d’oreille attentive, une personne suffisamment à votre écoute dans votre entourage et que vous sentez que, seul, vous n’arrivez pas à aller mieux. Vous aimeriez trouver une écoute bienveillante, ne pas être jugé, mais parfois même avec cela, ça peut bloquer. Nous allons voir comment le psychologue peut se saisir de ces résistances.
Ecoutez l’épisode de podcast : 🎙️ EP#5 – Seul(e) et sans soutien : [Quand Consulter un Psy] fait la différence
On me dit que je me plains trop, du coup je culpabilise
Il y a certaines dynamiques sociales que l’on rencontre parfois et qui favorisent un sentiment de culpabilité d’être dans la « plainte », de ne pas être comme les autres, pas « aussi fort ». Lorsque l’on essaie de se confier auprès de son entourage il peut arriver que l’on ait droit à des rationalisations du type : « t’inquiète, n’y pense pas, ça va passer », « une bonne nuit de sommeil et ça ira mieux demain ! », « faut être plus fort parce que tu sais c’est comme ça la vie, c’est dur », « oh c’est bon arrête de te plaindre, y’a pire que toi », ou bien, celui défiant toute compet’ : « faut que t’arrêtes hein, tu te prends trop la tête ». Bref, des retours qui non seulement ne nous font pas nous sentir entendus par la personne auprès de qui on cherchait une oreille attentive, voire une épaule sur laquelle pleurer et se réconforter, mais qui nous donnent l’impression que l’on se plaint d’une manière stérile, illégitime et de manière injustifié auprès de ceux qui nous sont proches. Ce qui peut engendrer parfois de la culpabilité, un sentiment de ne pas être normal, de moins bien gérer que les autres, d’être trop différents car incompris par les personnes qui sont censées nous connaître le plus.
Parfois, quand on n’a pas osé s’exprimer et qu’on a enfin le courage de le faire, qu’on a la chance de trouver une personne qui nous écoute mais qui reste en silence, alors on déverse tout ce qu’on n’a pas réussi à exprimer jusqu’alors et se décharger apparait comme une question de survie car on n’en peut plus. On se libère, pfiou ça soulage ! Sauf que, parfois, en face on n’a pas de réponse particulière. On se rend compte qu’il n’y a pas vraiment eu d’échange, on culpabilise alors d’avoir fait subir à cette personne quelque chose qu’on subit parfois aussi avec les autres (surtout si on est du genre à tenir bon et à être celui qui soutien son entourage à bout de bras, qui est perçue comme le/la plus fort(e) !). Alors on se reculpabilise, redevient silencieux et on reprend son parcours du combattant en solitaire…
Et il peut arriver, qu’on soit déjà engagé dans un travail psychothérapeutique ou non, que l’on fasse face à des résistances. Je vous invite à vous concentrer à la lecture de ce point précis qui mérite réflexion… Car on a aussi parfois tellement pris l’habitude de notre réalité douloureuse qu’on peut se retrouver dans une lutte intérieure même sans s’en rendre compte. Est-ce que je veux vraiment aller mieux et prendre le risque d’accéder à un changement qui représente pour moi un inconnu total ?! Je sais que je veux aller mieux mais… comme cet état de mieux-être m’est encore inconnu, je ne sais pas ce que je vais y trouver… Alors ça peut faire peur et il peut arriver que je décide finalement que c’est mieux de rester dans cet état…
L’écoute active et attentive du psychologue
Le psychologue est justement là pour vous proposer cette écoute active et attentive. Chaque professionnel se positionne selon son orientation théorique et les méthodes de travail qu’il choisit. Quelle que soit sa posture et sa manière de communiquer, son rôle est de vous faire vous sentir entendus, soutenus et écoutés. Il travaille sa neutralité bienveillante dans le but de favoriser l’expression de vos états d’âmes et se garde de tout jugement ou projection de ses idéaux personnels. C’est pourquoi la relation thérapeutique est une relation spécifique et différente de toutes celles que vous pouvez avoir dans votre entourage. Grâce à sa formation théorique, à ses connaissances cliniques et à son expérience de métier, il va vous aider (en posant des questions, rebondissant sur des points ou en en creusant d’autres) à amorcer ce travail sur vous-mêmes.
Je tiens à ajouter que parfois on se sent entourés et écoutés par ses proches mais la situation que l’on vit à ce moment-là ou l’état de mal-être que l’on ressent les dépassent. Et même si vous trouvez une personne qui sait ce que vous avez vécu et auprès de qui vous vous sentez compris, cela ne semble pas suffire pour apaiser une souffrance profonde. On se sent moins seul certes, mais on n’arrive pas encore à se comprendre soi-même ou à apaiser cette souffrance. Le psychologue est justement là pour vous aider à faire ce travail si c’est ce que vous souhaitez. En séance avec lui on peut exprimer ses émotions librement, on peut exprimer sa colère, sa culpabilité ou même « se plaindre » sans être jugé. L’idée n’est pas de rester dans une plainte stérile, mais d’écouter ce qu’elle a à vous dire et de la mettre au travail pour qu’elle soit productive, qu’elle soit un levier thérapeutique, en gros un tremplin vers l’apaisement et un mieux-être.
Cela fait justement parti du travail du thérapeute que de faire avec vos défenses, vos résistances en thérapie. Se saisir de ces moments où vous doutez de la continuité de votre suivi, ou que vous culpabilisez d’avoir besoin d’être accompagnés dans cette amélioration de votre santé psychologique, comme des leviers thérapeutiques. Car, même si cela peut paraître contre-intuitif, en général ils ne sont pas anodins. Il est possible que nous sommes précisément en train de toucher du doigt et de déstabiliser quelque chose en vous qui est sur le point de bouger pour vous faire évoluer. Sauf que lâcher quelque chose qu’on a maintenu tel quel jusque-là, c’est pas si évident. Le fait que votre psychologue tienne bon dans son positionnement et sa fonction professionnelle (par exemple qu’il vous encourage à poursuivre votre travail, vous remémore vos avancées, le fait qu’il n’est qu’un accompagnateur sur ce chemin et que c’est VOUS qui effectuez ce travail avant tout), eh bien c’est là qu’on peut en faire quelque chose de nouveau, rebondir vers la prochaine étape du travail. Step by step !
Et vous, avec votre entourage ou votre psy, c’est comment ?
Dans quelle situation vous sentez-vous avec votre entourage ? Est-ce que vous pouvez parler de tout, vous vous sentez compris, ou ça dépend des sujets ? Et pourquoi ce n’est pas le cas ? Quelles sont les attitudes qui vous font ressentir de la solitude et un manque de soutien ?
Et par rapport au psy : dites-moi un peu quelles représentations de la posture du psy vous avez ? Est-ce que vous vous sentez écoutés, compris, entendus ? Qu’est-ce qui favorise ce sentiment selon vous ?
Conclusion
Contrairement à ce que l’on entend parfois, « voir un psychologue » ce n’est donc pas forcément vider son sac ou parler comme à un ami. Cette profession nécessite un travail constant et une posture particulière de thérapeute que vous ne retrouvez pas dans votre vie de tous les jours parce que ce n’est pas quelque chose que l’on peut improviser. C’est justement ce pas de côté qui permet de (re)mettre mouvement sur ce que vous avez besoin de travailler en vous. Ce n’est donc pas non plus s’enfermer sur soi-même et rester dans une plainte, c’est bien au contraire en faire quelque chose de nouveau.
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